Alors que la 4e vague de contaminations au COVID sévit chez nous, deux directeurs d’hôpitaux, Philippe Leroy (CHU St-Pierre) et Vic de Corte (Clinique St-Jean), ont accepté l’invitation de Melchior Wathelet (CEO de ZORGI) en vue de tirer les leçons de la crise Corona sur le plateau TV de Roularta. Le débat a mis en lumière l’extraordinaire capacité d’adaptation du personnel hospitalier (soignants et non-soignants), qui a grandement participé à la résilience des hôpitaux belges durant cette crise. Pourtant, d’autres défis se profilent déjà à l’horizon (cybersécurité, réseaux hospitaliers…). Afin de les aborder avec la même efficience et le même engagement, les participants au débat ont dégagé quelques pistes.
Confrontés à de nombreux défis depuis des années (financements, manque de personnel, cadre réglementaire désuets…), le secteur hospitalier belge a fait preuve d’une capacité d’adaptation qui lui a permis de traverser les vagues les plus virulentes de la crise COVID avec succès. Hélas, à ces défis structurels et à la crise COVID viennent s’ajouter des défis de plus en plus criants comme la cybersécurité ou la constitution des réseaux hospitaliers notamment.
Sur base des conclusions de l’enquête sur la manière dont le personnel non-soignant des hôpitaux a réagi, s’est adapté et a vécu la crise, les participants au débat ont mis en lumière des pistes pour aborder les défis futurs avec plus de sérénité.
Maintenir le momentum pour aborder le futur
Selon les chiffres de l’enquête, 90% des travailleurs non-soignants des hôpitaux estiment que « leur institution et leur département ont “assez bien” ou “très bien” fonctionné durant la crise sanitaire. » Une constatation qui réjouit nos participants et qui incite Philippe Leroy (CHU St-Pierre) à rendre hommage au personnel hospitalier : « En deux semaines, la plupart des hôpitaux du pays se sont transformés en machines à prendre en charge des patients COVID. Cette réactivité a été possible grâce à l’engagement et aux efforts considérables de l’entièreté du personnel soignant et non-soignant des hôpitaux » dit-il.
Malgré tout, 62% du personnel interrogé dans l’enquête se dit confronté à plus de stress professionnel. Toujours selon le Directeur du CHU St-Pierre, on peut attribuer en partie ce stress supplémentaire à une perte de sens croissante au sein du personnel. En cause ? La dimension structurelle et récurrente des défis du secteur tels que le financement, le cadre réglementaire, la nomenclature hospitalière… Selon Vic de Corte, Directrice de la Clinique St-Jean, redonner du sens est un vrai défi qui permettrait de tirer parti d’un grand atout propre au secteur des soins de santé : l’engagement et l’implication de son personnel. Par certains aspects, la crise COVID a créé un momentum positif au sein des institutions de soins dans l’adoption de nouveaux outils et processus tels que le télétravail ou la téléconsultation. Donner du sens et de la vision au personnel de soins pourrait permettre d’en tirer pleinement profit.
Un cadre et un financement propices à l’innovation
La crise COVID a poussé les hôpitaux à réagir rapidement pour faire face aux situations d’urgences. Le CHU St-Pierre a mis en place des flux d’urgences séparés au moyen de tentes installées dans sa cour ; la Clinique St-Jean a organisé un centre de testing et de vaccination en quelques jours seulement. En dehors d’un contexte de crise, les hôpitaux aujourd’hui n’ont ni le cadre réglementaire, ni les financements leur permettant de s’attaquer pleinement aux défis du secteur hospitalier. Les participants au débat se sont montrés unanimes quant à la nécessité d’une révision en profondeur du financement des hôpitaux – notamment en matière de projets informatiques – et du cadre réglementaire.
Accompagner le changement comme clé du succès
Comme le dit Melchior Wathelet, CEO de ZORGI dans la conclusion du débat : « Étant donné les défis qui sont les nôtres aujourd’hui, les outils IT (Dossier Patient Informatisé, gestion administrative du parcours du patient, pharmacie, gestion logistique et financière…) constituent bien entendu un levier formidable pour le secteur mais le facteur humain est déterminant pour pouvoir tirer le meilleur parti de la plus-value de nos solutions. Ce n’est pas tout de mettre un logiciel à disposition du personnel hospitalier. Nous devons veiller à ce qu’il soit bien compris et bien utilisé pour qu’il ait du sens, qu’il représente une vraie solution pour ses utilisateurs et non une charge. Cela passe par un meilleur accompagnement de l’adoption de ces outils et du changement ». Ce à quoi Vic De Corte renchérit en précisant que « communiquer cette culture du changement est un passage obligé pour répondre positivement à l’ensemble des défis auxquels l’hôpital de demain sera confronté. Car si une chose restera à jamais immuable, c’est le changement… »